"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 2 décembre 2011

Sainte Tydfil, Martyre du Pays de Galles († 480)



Sainte Tydfil - Tydfil a donné son nom à Merthyr Tydfil ( Merthyr signifie martyr en langue galloise). Son martyre a eu lieu au cours d'une bataille rangée entre sa famille et une bande de maraudeurs Pictes au cours du Ve siècle. Bien que beaucoup de ce qui est connu à son sujet de provienne de moines qui écrivirent longtemps après qu'elle ait vécu, il est prouvé qu'elle a existé et qu'elle eut une fin violente.

Tydfil était la fille du roi Brychan, souverain de Madry Garth (Brecon aujourd'hui) moitié-irlandais, moitié-gallois. Brychan avait quatre épouses et plusieurs concubines et on dit qu'il eut 11 fils et 25 filles. Tydfil était sa 23ème fille par sa quatrième femme. La plupart des enfants de Brychan étaient bien éduqués, filles et garçons, dans une école de Gwenddwr sur la Wye et ils ont continué à vivre une vie profondément religieuse. Ils ont fondé des églises dans toute le pays de Galles, la Cornouailles et la Bretagne et ils furent connus comme "saints errants"

Tydfil choisit d'habiter dans la vallée de la rivière Taff, peuplée par des agriculteurs Celtes et leurs familles. Elle s'est fait connaître par sa compassion et ses compétences de guérison, en soignant les humains et les animaux malades. Elle établit une communauté monastique au début celtique, menant une petit groupe d'hommes et de femmes. Elle construisit un *Llan" ou enceinte autour d'une petite église de claies et de torchis, comme d'autres "saints" de l'époque. Sa maison comprenait un hospice, des dépendances et un scriptorium. Elle y vécut tranquillement, apportant l'espoir et le soutien à la population de la vallée de la Taff.

Dans sa vieillesse, le roi Brychan décida de rendre visite une dernière fois à ses enfants. Il prit avec lui son fils Rhun Dremrudd, et son petit-fils Nefydd propre fils Nefydd,  avec des serviteurs et des guerriers. Ils rendirent visite à sa troisième fille, Tanglwstl, à sa communauté religieuse à Hafod Tanglwstl, ce qui est maintenant connu comme le village d'Aberfan, au sud de Merthyr Tydfil. Brychan voulait rester avec ses filles un peu plus longtemps, alors il envoya la plupart de ses guerriers et Nefydd avant lui sur le trajet du retour. Le roi se rendit chez Tydfil pendant que son fils Rhun et Nefydd étaient encore au Hafod Tanglwstl.

Adonc, le groupe s'étalait le long de la vallée de Taff, à une distance d'environ sept miles et tout en montée. Le Pays de Galles à cette époque souffrait de raids de Pictes écossais libres de leurs errances maintenant que les Romains avaient disparu depuis longtemps. Certains s'étaient même installés à South Radnorshire, près du royaume de Brychan. Peut-être que les nouvelles de l'absence du roi avait atteint le camps des Pictes et ils décidèrent de profiter de la vulnérabilité du roi. En rétrospective, Brychan semble avoir pris une décision très sotte en permettant à sa troupe de se séparer.

Rhun Dremrudd fut attaqué en raid par un groupe, à un mile de Hafod Tanglwstl et il est mort en défendant un pont sur la rivière de ce qui est maintenant le village de Troedyrhiw. Le pont donna aux Pictes un accès libre à la troupe du roi et Rhun Dremrudd combattit bien. Les Pictes ensuite se divisèrent en deux groupes: l'un dévasta la communauté d'Hafod Tanglwstl et l'autre poursuivit le roi.

Le roi et ses partisans furent dépouillées de leurs bijoux, argent et vêtements. Les serviteurs et la famille furent tous abattus. Alors que les autres couraient et se battaient et paniquaient, et Tydfil s'agenouilla calmement et pria, avant d'être aussi brutalement tuée. Puis les Pictes reculèrent sur la montagne d'Aberdare. D'ici là, Nefydd et ses guerriers les rattrapèrent et vengèrent la mort de sa famille à "Irishman Hill" avant de retourner enterrer leurs morts.

Tydfil fut enterrée dans l'église  qu'elle avait fondée, parmi les gens qu'elle avait soignés. Une croix celtique fut mise en place dans une clairière près de la Taff qui devint un lieu de rencontre pour les habitants de la vallée. Au 13ème siècle, et la croix et l'église de torchis furent remplacées par une église en pierre dédiée à sainte Tydfil la Martyre. Elle fut à son tour remplacé en 1807, et reconstruite à nouveau en 1894.  L'église est toujours debout à sa place près de la rivière Taff (ci-dessous) et c'est l'une des premières choses que le touriste voit lorsqu'il entre dans le centre ville par la rive sud.
Lorsque l'église normande a été démolie, un cercueil de pierre a été trouvé, qui faisait partie des fondations. En outre, il y avait deux piliers de pierre, dont l'un était dédié à Arthen fils de Brychan, qui avait également péri dans la bataille. Le site était probablement encore consacré en mémoire de Tydfil et de sa famille assassinée.


Quels facteurs ont contribué à la vénération de Tydfil comme sainte?

1) Tout d'abord son témoignage silencieux. Tydfil n'était pas higoumènee bien qu'elle mènât une communauté d'hommes et de femmes chrétiens qui vivaient probablement sous une sorte de  règle semi-monastique. Mais ce ne fut jamais une grande communauté, juste un petit groupe de personnes composé de familles paysannes avec quelques moines et moniales qui servaient la population locale de quelque manière qu'ils pouvaient par les œuvres de miséricorde. Jésus appela ses disciples à être des lumières dans un monde de ténèbres (Matthieu 5:14-16), mais Il n'a pas dit combien grands ces feux doivent être, mais tout simplement qu'ils doivent briller. Tydfil vécut certainement dans des temps sombres, mais ses "bonnes actions" (verset 16) et celles de sa communauté, attiraient les gens comme des papillonss le sont par une flamme. Et bien que son individuelle "lumière" ait été éteinte par la mort, elle a allumé un feu qui a brûlé pendant tous ces moments sombres et difficiles, en montrant à d'autres le chemin vers Dieu.

2) Sa grande foi et sa dignité face à la mort. Elle n'a pas résisté ou couru, mais "a tendu l'autre joue "elle attendit la mort avec un courage tranquille et une conviction sincère qu'elle allait être avec Jésus à l'endroit préparé pour elle (Jean 14:1-7).

Dans la Lettre aux Romains, [saint] Paul, lui-même attendant le martyre, écrit que "ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur." (Romains 8:37-39) belles paroles auxquelles nous croyons tous dans le confort et la sécurité de notre société pacifique, ordonnée et bien nantie. Mais c'est dans la chaleur de la bataille et dans le visage de la souffrance ou de la mort que cette croyance est réellement testée. Tydfil fut confrontée à cette épreuve et la réussit. En conséquence de quoi, on fait mémoire d'elle ici et dans le ciel.

3) Son amour et sa compassion envers les autres - humains et animaux. Pour ceux d'entre nous qui vivent dans une société "christianisée", nous tenons pour acquises ces qualités car elles sont intégrées dans le tissu même de notre société, après des siècles saturés par les enseignements du Christ. Et ainsi elles peuvent apparaître comme peu extraordinaires. Nous avons naturellement l'équité de nos lois, la paix dont nous jouissons et les grands avantages d'un service national de santé qui nous fournit ces merveilleux soins. Nous oublions que de telles choses n'existaient pas à l'époque de sainteTydfil. Le christianisme essayait encore de gagner les Celtes, sans parler des Saxons, Jutes, Pictes et les autres. Il y avait très peu de lois du temps de Tydfil, autre que la loi de survie du plus fort. L'amour et la compassion étaient sans aucun doute considérés comme un signe de faiblesse dans une société désordonnée et fragmentaire où le pouvoir allait au plus fort. A une pareille époque, les chrétiens inévitablement se distinguaient et les enseignements du Christ devaient sembler à contre courant avec leur insistance sur l'amour, la douceur et l'humilité. Tydfil vécut ces qualités dans une société affamée d'amour et de compassion, et son exemple est aussi nécessaire aujourd'hui que jamais, tandis que les gens prennent de plus en plus leurs distances avec leur passé chrétien. Et dans ce sens - ainsi que par le fait qu'elle continue à vivre avec les saints - Tydfil sera toujours notre contemporaine.

Version française Claude Lopez-Ginisty
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