"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 15 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (3)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. KaverSculptor V. Klykov, hieromonk Tikhon (Shevkunov) and Bishop Basil (Rodzyanko)
Vyatcheslav Klykov (sculpteur), hiéromoine Tikhon (Chevkounov)
 et Vladyka Basile

Vladyko Basile est apparu dans ma vie et dans la vie de mon ami, le sculpteur Viatcheslav Mikhaïlovitch Klykov, en raison d'une rencontre étonnante et inattendue. C'est arrivé en 1987, juste avant le 17 Juillet, anniversaire de la mort de la famille du tzar. Viatcheslav Mikhaïlovitch et moi-même avions voulu auparavant faire servir une pannikhide pour le repos de Sa Majesté Impériale, mais au cours des années précédentes, c'était impossible, et l'idée même représentait un problème insoluble. Aller dans une église à Moscou et demander simplement à un prêtre un office de pannikhide pour le tzar Nicolas II était clairement impensable. Tout le monde savait que la nouvelle se répandrait, et la moindre sanction à laquelle ce prêtre courageux pourrait s'attendre pour un tel acte serait le renvoi de l'Eglise. Avoir des offices dans une maison privée était impraticable, car beaucoup d'amis auraient voulu y assister.

Il se trouve que pendant ces jours Viatcheslav Mikhaïlovitch Klykov venait de terminer la pierre tombale monumentale pour Alexandre Prerevet et André Oslyabya,  deux célèbres guerriers et moines du grand habit qui furent envoyés se battre pour l'armée victorieuse de Dmitri Donskoï à la bataille du Champ de Koulikovo en 1380, dans laquelle la Russie se libéra du joug des Tatars. Après une longue confrontation avec les autorités soviétiques locales une pierre  tombale fut finalement placée sur la tombe de ces moines héroïques dans l'ancien monastère Simonov, le site de l'usine Dynamo célèbre à l'époque soviétique.
Et soudain, j'ai eu une pensée: puisqu'il avait déjà eu la promulgation d'une approbation officielle pour sanctifier la pierre tombale pour Peresvet et Oslyabya, nous pourrions insérer une pannikhide pour la famille du Tzar pendant le service. Ils enverraient certainement quelqu'un du KGB pour nous espionner, mais les espions ne seraient pas susceptibles de comprendre les subtilités de la cérémonie commémorative en slavon d'église de toute façon, pour eux, ce serait tout simplement un long office ecclésial.
Viatcheslav Mikhaïlovitch aima cette idée. Maintenant, il n'y avait qu'un seul petit problème: essayer de trouver un prêtre assez courageux pour être prêt à officier le service commémoratif. Parce qu'il y avait, après tout, des risques très graves. Peut-être pas les plus grands risques, mais des risques tout de même. Et si l'un des espions et mouchards comprenait ce que c'était que nous avions l'intention de faire... nous avons préféré ne pas même penser à ce sujet. D'un autre côté, nous ne voulions pas que l'un des prêtres que nous connaissions ait des ennuis.
Et puis, une de mes connaissances m'a dit que l'évêque Basile Rodzianko venait d'arriver à Moscou venant d'Amérique. Beaucoup d'entre nous avaient entendu parler de cet évêque, et certains d'entre nous connaissait même ses émissions de radio par les "voix de l'ennemi." En y réfléchissant, nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne serions jamais en mesure de trouver un meilleur candidat pour servir la pannikhide pour la famille impériale.
Tout d'abord c'était un émigré russe blanc. Deuxièmement, puisqu'il était citoyen étranger, le risque qu'il encourait, serait moindre que celui auquel nos prêtres autochtones devraient faire face. Le KGB ne pourrait pas faire quoi que ce soit contre lui-probablement. Au minimum, nous pensions qu'il lui serait plus facile pour lui de se sortir de n'importe quelle situation délicate, car après tout il était américain. C'est ce que nous nous disions. Enfin, comme on le disait dans le vers un peu cynique mais populaire d'un poème de cette époque: " Grand-père est vieux et il s'en fiche." En fait quand nous fûmes au pied du mur, nous n'avions de toute façon aucun autre candidat.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon




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