"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 31 mai 2013

L’Orthodoxie est une référence en France (2)


Saint Martin de Tours

Entretien avec l'higoumène Basile (Vassily) [Pasquiet] (suite)

Étiez-vous diacre?

- Oui, j'avais été ordonné diacre. Je fus autorisé à dire les ecténies en français, qui était un soulagement, parce que je ne pouvais pas parler le slavon d’Eglise ou même le russe à l'époque. Après la Liturgie, j'étais au dîner avec le Patriarche et tous les moines. Et je ne pus me sentir complètement chrétien orthodoxe, non seulement dans mes pensées ou dans mon cœur, mais absolument. Ensuite, j'ai été envoyé à monastère de Pskovo-Pechersky. Avant cela, j'avais rencontré le père Tikhon (Chevkounov), juste par hasard: Père George passait par l'église Sretensky pour aller au nouveau monastère, et il a ensuite travaillé en tant que représentant du monastère de Pskovsko-Pechersky. Père Tikhon et moi avons eu une belle rencontre. Nous nous sommes aimés tout de suite et ce bon amour réciproque est toujours vrai. Plus tard, nous nous sommes retrouvés dans le monastère de Pskovo-Pechersky, et par la bénédiction du père Archmandrite Jean Krestiankine, j'ai été oint. Ce fut une cérémonie modeste, dans l'église de la Dormition. Et Père Tikhon, car il était présent, est devenu mon parrain. Et il est vraiment mon frère en esprit.

Combien de temps êtes-vous resté au monastère de Pskovo-Petchersky?

- Pas très longtemps. Je suis arrivé en avril, à la fin du carême, et j'y suis resté jusqu'à la fin de Juin. Puis il y eut une pause parce que mon visa avait expiré. Les autorités de Pskov ne savaient pas quoi faire avec moi, et j'ai été adressées à Moscou. Là, j'ai rencontré l’Archmandrite Jérôme (maintenant il est higoumène de monastère de la Sainte Trinité), alors qu'il était encore un prêtre régulier. Il venait de rentrer de Terre Sainte. Nous nous sommes rencontrés le jour de la saint Jean-Baptiste et il a décidé d'aller à l’Athos. C'était mon rêve. Ainsi, bénis par le Patriarche Alexis, nous sommes allés à l’Athos pendant deux semaines. Dès que je suis rentré, j'ai écrit une requête au Patriarche lui demandant de m'envoyer en Tchouvachie, au diocèse de Vladyka Varnava, qui est désormais Métropolite.

Père Basile, j'ai entendu une histoire sur vous qui avez peint quelque chose lorsque vous viviez au monastère de Pskovo-Pechersky où une délégation française est arrivée... Pourriez-vous nous raconter cela?

- Eh bien, oui, c'est arrivé, c’étaient des militaires, des parachutistes. Je ne peignais pas, je posais du plâtre la cellule du staretz Syméon (aujourd'hui un saint canonisé). Je peux un peu faire le plâtrier, bien que je pense qu'un moine doit être prêt à apprendre n’importe quel travail manuel. Autrefois j'ai appris à plâtrer, et alors ils m'ont demandé de le faire. Mais je ne pouvais pas trouver un langage commun avec le gardien du monastère, et il m'a même appelé mouton. J’étais blessé au début, mais ensuite j’ai accepté avec humilité, en pensant qu'un moine ne devrait pas être offensé, mais doit être patient pour l'amour de Dieu, pour l'amour de Christ.

Et que dire de la délégation française?

- Naturellement, ils étaient surpris de me voir là, surtout puisque c’était en 1994, il n'était pas clair de savoir où allait la Russie, trop de confusion et de tentation. Et ce qu'un Français faisait en Russie, n'était pas clair pour personne, pas même pour moi.

Ont-ils découvert immédiatement que vous étiez français?

- Eh bien, oui, je les ai accueillis et c’est devenu clair. D'autant plus que l'un de mes jeunes frères était aussi officier de l'armée (il est maintenant colonel) et nous avons eu des choses à discuter ensemble. Leur groupe était situé au même endroit où était mon frère, de sorte qu'ils se connaissaient.

Et comment la Tchouvachie vous a-t-elle accueilli?

- En Tchouvachie l'évêque m'a accueilli avec un grand amour et une grande attention. J'ai tout de suite trouvé en lui un consolateur. Varnava [Barnabé] - signifie «fils de la consolation». L'évêque est en quelque un très haut père spirituel et maître. Quand je le regarde, je sais où aller, quoi faire.

Mais vous vous êtes trouvés pratiquement dans ce, pourrait-on dire, trou…

- Eh bien, ça fait du bien à un moine.

La boue épaisse, les insectes…

- C'est tout bon pour un moine. Bien sûr, il y a eu des moments où j'ai pensé à partiret j'ai demandé à Dieu directement: Que veux-Tu de moi? Pourquoi me mets-Tu dans ces conditions? Et les conditions dans lesquelles j'étais d'abord étaient horribles: des rats, un toit qui fuit, un lit avec des draps sales où avant moi peut-être quelque ivrogne avait dormi, tout humide - dans l'ensemble, horrible. Et après ma vie à Jérusalem bien sûr, c’était difficile et douloureux pour moi. J'ai vraiment pleuré et demandé à Dieu: «Pourquoi, que veux-Tu de moi? Pourquoi ai-je besoin de cela? Maintenant, je comprends pourquoi j'en avais besoin. Il s'agit d'une parabole: Le Seigneur invite tout le monde à la montagne de Tabor, pour assister à la Transfiguration. Vous pouvez prendre un bus qui vous y emmène gratuitement. Mais vous serez assis vraiment loin du Seigneur. Mais il y a un billet spécial, que vous payez, et vous devez marcher jusqu'à cette haute montagne et payer tous les cent mètres pour être autorisé à aller plus loin. Je pense que la vie du chrétien est ainsi, si vous voulez la plénitude dans votre vie. Si vous voulez être proche, vous devez payer pour cela.

Alors, comment avez-vous payé?


- J'ai payé, en faisant l’expérience de l'humilité, de l'humiliation, et ainsi de suite. Un moine doit vivre comme ça. Si un moine a tout, s’il a le confort, il a besoin de réfléchir s’il pourrait être perdu sur son chemin. Si la vie d'un moine est un peu difficile, alors probablement qu'il est sur la bonne voie.




Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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