"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 30 mai 2014

Métropolite Hilarion (Alfeyev): Le danger de l'habitude dans la prière


On Prayer VIII: The Danger of Habituation


Chaque croyant est confronté au danger de s'habituer aux paroles de la prière et de se laisser distraire pendant la prière. Pour que cela ne se produise pas, il faut livrer une bataille constante avec soi-même, ou, comme les saints Pères le disent, "garder son intellect " et apprendre "à enfermer son esprit dans les mots de la prière."

Comment peut-on y parvenir? Tout d'abord, il ne faut pas se laisser aller à prononcer les mots quand on a l'esprit et le cœur qui n’y sont plus sensibles. Si vous commencez à lire une prière, mais qu'au milieu votre attention erre, revenez à l'endroit où votre attention s'égare et répétez la prière. Si nécessaire, répétez trois, cinq ou dix fois - mais arrivez au point où tout votre être y est sensible.

Un jour à l'église, une dame a fait appel à moi: "Batiouchka, j'ai lu des prières pendant de nombreuses années: les prières du matin et du soir, mais plus je les lis, moins je les aime, et moins je sens que je crois en Dieu. Je suis si fatiguée des paroles de ces prières que je n’y suis plus sensible."

Je lui ai dit : " Ne lisez pas les prières du matin ou du soir."

Elle a été étonnée: " Que voulez-vous dire?"

J’ai répété: "Mettez-les de côté; ne les lisez pas. Si votre cœur n’y est pas sensible, vous avez besoin de trouver un autre moyen de prière. Combien de temps prennent vos prières du matin?"

"Vingt minutes."

" Etes-vous prête à consacrer vingt minutes chaque matin à Dieu ?"

"J’y suis prête."

"Prenez une seule prière du matin – à votre choix - et lisez-la en vingt minutes. Lisez une phrase, taisez-vous, et réfléchissez à ce que cela signifie. Ensuite lisez une autre phrase, taisez-vous, et réfléchissez à son contenu. Répétez-la à nouveau, réfléchissez pour savoir si elle correspond à votre vie, si vous êtes prête à vivre de manière telle que cette prière soit devenue réelle dans votre vie. Vous avez bien lu: "Seigneur, me prive pas de tes biens célestes." Qu'est-ce que ça veut dire? Ou  bien: "Seigneur, délivre-moi des tourments éternels." Quel est le danger de ces tourments éternels? Avons-nous réellement peur d'eux ? Souhaitons-nous vraiment en être délivrés?"

La femme se mit à prier de cette façon, et bientôt sa prière commença à revivre.

Il faut apprendre à prier. Il faut travailler sur soi-même; on ne peut se permettre de se tenir devant les icônes et de prononcer des paroles vides.

La qualité de la prière se manifeste aussi par ce qui la précède et par ce qui la suit. Il est impossible de se concentrer sur la prière quand on est en colère ou, par exemple, si avant de commencer à prier les uns se sont disputés avec quelqu'un ou ont crié après quelqu'un. 

Cela signifie que dans le temps qui précède la prière nous devons nous y préparer intérieurement, nous libérer de tout ce qui interfère avec notre prière, et nous mettre dans une disposition favorable à la prière. Ensuite, il sera plus facile pour nous de prier. 

Et, bien sûr, après la prière il ne faut pas se remettre immédiatement dans l'agitation. Après avoir fini de prier, donnez-vous un peu de temps pour entendre la réponse de Dieu, pour que quelque chose résonne en vous, en réponse à la Présence de Dieu.

La prière n’a de valeur que lorsque nous sentons que, grâce à elle, quelque chose change en nous, que nous commençons à vivre différemment. La prière peut porter du fruit, et ces fruits devraient se faire sentir.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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