"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 20 décembre 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


7/20 décembre
29ème dimanche après la Pentecôte

Saint Ambroise, évêque de Milan (397) ; les 62 prêtres et les 300 fidèles martyrisés à Carthage par les Vandales ariens (477) ; saint Paul l'Obéissant, ermite à Chypre ; saint Nil de Stolben (1554) ; saint Antoine de Siya (1556) ; saint Jean le jeûneur des Grottes de Kiev (XIIème s.) ; saint Athénodore, martyr en Mésopotamie (vers 304) ; saints néo-martyrs de Russie : Serge (Galkovsky), Andronique (Barsoukov), (1917), moines ; Antoine (Popov), prêtre (1918) ; Serge (Golochtchanov), Michel (Ouspensky), Serge (Ouspensky), prêtres, Nicéphore (Litvinov), diacre, Galaction (Ourbanovitch-Novikov) et Gourias (Samoïlov), moines, Jean (Demidov) (1937) ; Pierre (Krestov) et Basile (Mirojine), prêtres (1941).

Lectures : Col. III, 12–16. Lc. XVII, 12–19

SAINT AMBROISE, ÉVÊQUE DE MILAN[1]

C
et illustre Père, dont le nom évoque l’immortalité divine, était issu d’une noble et puissante famille romaine convertie au christianisme. Il naquit à Trèves, en 339, où son père exerçait l’importante charge de préfet du prétoire pour la province des Gaules. À la mort de ce dernier, sa mère retourna à Rome avec ses trois enfants, encore en bas âge : Ambroise, Marcelline et Satyre, qui allaient être tous trois honorés comme saints. Encore au berceau, des abeilles vinrent voltiger un jour autour du petit Ambroise. Elles pénétrèrent dans sa bouche, puis s’élevèrent vers le ciel, en présage de son éloquence céleste. Confié aux meilleurs maîtres, il montra par la suite de grandes capacités pour les sciences, et faisait en particulier l’admiration de tous par ses dons oratoires. À l’issue de ses études de droit, il fut bientôt désigné par l’empereur Valentinien Ier (375) comme gouverneur de la province de Ligurie-Émilie, ayant pour capitale Milan (370). Le préfet Probus lui dit alors, sans savoir qu’il prononçait une prophétie : « Va et gouverne plutôt en évêque qu’en juge », voulant par là l’exhorter à la compassion et à la miséricorde. De fait, le jeune homme s’acquit bien vite l’attachement et la reconnaissance du peuple, par sa sagesse et ses vertus.  À cette époque, malgré de longues années de luttes depuis le Concile de Nicée (325), l’hérésie arienne était encore tenace et divisait cruellement l’Église, surtout en Orient où elle avait trouvé le soutien du nouvel empereur Valens (364-378). À la mort de l’évêque arien de Milan (373), Auxence, une assemblée se tint dans la cathédrale pour procéder à l’élection du nouvel évêque, mais le peuple était si divisé entre les deux partis, orthodoxe et arien, qu’il était impossible de parvenir à un accord. On fit alors appel à Ambroise pour intervenir et calmer le tumulte. Les paroles du gouverneur, sa douceur, sa persuasion, son esprit de paix firent une telle impression que tous les fidèles reprirent soudain d’une seule voix l’exclamation d’un enfant qui s’était écrié : «Ambroise évêque ! » Surpris, puis effrayé, Ambroise objecta qu’il n’était encore que catéchumène et il se réfugia dans son palais, suivi par la foule qui répétait sans cesse ce même cri. La nuit venue, il tenta de s’enfuir à cheval, mais il perdit son chemin et, au petit matin, se retrouva à son point de départ. Il essaya ensuite d’échapper à ces honneurs en écrivant à l’empereur, mais celui-ci, d’habitude indifférent aux affaires ecclésiastiques, soutint avec admiration l’élection d’Ambroise. Finalement résigné à se soumettre à la volonté de Dieu, ce rhéteur et administrateur de trente-cinq ans fut ordonné évêque, huit jours après son baptême, à la satisfaction des deux partis. Dès lors Ambroise se consacra complètement à son ministère céleste et renonça à tous biens, richesses et plaisirs. Il distribua son argent aux pauvres et fit don de ses vastes propriétés à l’Église. Ne gardant rien pour lui, il passait presque toute la semaine dans le jeûne le plus strict, consacrait ses nuits à la prière et à la méditation des Écritures et des saints Pères, alors que pendant le jour il s’occupait des affaires de l’Église et de la direction de son troupeau spirituel. Sous la direction du prêtre Simplicien, il acquit une profonde connaissance de la philosophie et des Pères grecs et s’engagea avec fougue dans la défense de l’Orthodoxie, à la grande confusion des ariens qui avaient agréé à l’élection de ce magistrat modéré, espérant en faire leur instrument. Infatigable dans ses écrits aussi bien que dans ses sermons, l’évêque de Milan se montra pendant vingt-cinq ans le champion de l’Orthodoxie en Occident, après saint Hilaire, et fit de son siège, qui était devenu depuis 381 la résidence de l’empereur d’Occident, la métropole où se décidaient toutes les affaires ecclésiastiques des diocèses d’Italie, de Pannonie, de Dacie et de Macédoine. S’opposant fermement à l’impératrice Justine et à l’entourage du jeune héritier, Valentinien II, qui étaient gagnés à l’hérésie, Ambroise parvint à s’assurer la confiance et l’intérêt de l’empereur d’Occident, Gratien (375-383), grâce auquel il put faire réunir le concile de Sirmium (juillet 378) et faire décréter des lois proscrivant l’arianisme. À la mort de Valens (379), l’empire d’Orient passa aux mains du pieux Théodose. Profondément orthodoxe, le nouvel empereur fit réunir le Second Concile Œcuménique à Constantinople, en juillet 381, tandis que Gratien, conseillé par Ambroise, convoquait le concile d’Aquilée, qui scella la fin de l’arianisme en Occident. Mais cette amitié avec les princes ne faisait pas perdre à saint Ambroise le sens de l’indépendance de l’Église à l’égard du pouvoir civil. Pressé par sa mère, Justine, le jeune Valentinien II intima un jour au prélat l’ordre de livrer son église. « Allez dire à votre maître, répondit Ambroise aux envoyés de l’empereur, qu’un évêque ne livrera jamais le temple de Dieu ! » Il s’enferma alors dans l’église, entouré du peuple décidé à mourir avec lui ; et, du Dimanche des Palmes au Jeudi Saint, ils résistèrent ainsi aux troupes qui avaient investi l’église, en n’ayant pour armes que la prédication enflammée de leur pasteur, et le chant des psaumes et des hymnes. Quelques années plus tard, Théodose fit réprimer avec une cruauté inutile une émeute qui s’était déclenchée à Thessalonique, et plus de sept mille personnes furent alors massacrées. La nouvelle parvint jusqu’à Milan et, lorsque l’empereur se présenta à la porte de la cathédrale pour assister à la Divine Liturgie, le saint évêque, interprète du courroux divin, ne craignit pas de lui en interdire l’entrée et de l’excommunier pendant plus de huit mois. Respectueux envers la discipline de l’Église, le souverain, devant lequel tremblait l’univers, se retira alors en pleurant dans son palais et se soumit avec humilité à la pénitence publique. Le jour de la Nativité, il se présenta à l’église, se prosterna jusqu’à terre aux pieds d’Ambroise, baignant le sol de ses larmes et suppliant d’être à nouveau jugé digne de la participation aux saints Mystères. Après avoir obtenu le pardon de l’évêque, au moment de la communion, il pénétra dans le sanctuaire pour communier avec les clercs, comme c’était la coutume à Constantinople. Mais le serviteur de Dieu Ambroise se tourna vers lui et l’humilia publiquement une nouvelle fois en le repoussant et lui disant : « Sors d’ici et demeure à ta place parmi les laïcs, car la pourpre n’institue pas des prêtres, mais des empereurs ! » Sans répliquer, Théodose se retira alors et se rangea parmi les pénitents, tant son respect pour Ambroise était grand. De retour à Constantinople, jamais plus il n’osa entrer dans le sanctuaire pour communier. Familier des grands de ce monde, Ambroise portait aussi une attention toute paternelle pour le moindre de ses fidèles. Lorsqu’un pécheur venait vers lui pour se confesser, il le prenait dans ses bras et le baignait de ses larmes. Défenseur ardent de la foi, il détourna aussi un grand nombre de païens des ténèbres et les initia au mystère du christianisme, tant par ses sermons publics que par ses entretiens privés. Le plus célèbre de ses disciples fut saint Augustin qui, grâce à l’évêque de Milan, put se détourner du manichéisme et entrer définitivement dans l’Église. C’est grâce à lui encore que la reine de la tribu germanique des Macromans reçut le saint Baptême et attira son peuple à la sainte et vraie foi. Ce grand pasteur trouva encore le temps de composer de nombreux ouvrages, principalement exégétiques et moraux, qui contribuèrent grandement à la diffusion de la doctrine des Pères grecs dans le monde latin. Saint Ambroise a enrichi aussi l’Église par de magnifiques hymnes liturgiques, destinées à être chantées par le peuple en deux chœurs antiphonés, qui furent un des plus riches éléments de la liturgie latine pendant de longs siècles.  Saint Ambroise s’endormit dans la paix du Christ, à l’aube du Samedi Saint, le 4 avril 397. Son corps repose jusqu’à aujourd’hui dans la basilique de Milan.
Tropaire du dimanche, ton 4
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ Áнгела yвѣ́дѣвша Гoспо́дни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Aпо́столомъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.
Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »
Tropaire de saint Ambroise, ton 4
Пра́вило вѣ́ры и о́браз кро́тости,  воздержа́нiя учи́теля яви́ тя́ ста́ду твоему́ Я́же вѣ́щей И́стина ; Сего́ ра́ди стяжа́лъ еси́ смире́нiемъ высо́кая, нището́ю бога́тая, о́тче Амвро́сiе, моли́ Христа́ Бо́га, спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
La justice de tes œuvres a fait de toi  pour ton troupeau une règle de foi,  n modèle de douceur,  un maître de tempérance;  c'est pourquoi tu as obtenu l'exaltation par ton humilité  et par ta pauvreté la richesse.  Père saint, Pontife Ambroise,  prie le Christ notre Dieu  de sauver nos âmes.
Kondakion de saint Ambroise, ton 4
Боже́ственными догма́ты облиста́я, помрачи́лъ еси́ А́рiеву пре́лесть, священнотаи́нниче и па́стырю Амвро́сiе, чудодѣ́йствуя же си́лою Ду́ха, стра́сти разли́чныя я́вѣ исцѣли́лъ еси́, о́тче преподо́бне, Христа́ Бо́га моли́, спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Rayonnant par les dogmes divins, tu as fustigé l’illusion d’Arius, ô pasteur Ambroise, initié aux mystères divins, accomplissant des miracles par la puissance de l’Esprit, tu as guéri les différentes passions, ô père vénérable, prie le Christ Dieu de sauver nos âmes.

Kondakion du dimanche, 4ème ton
Спа́съ и изба́витель мо́й изъ гро́ба я́ко Бо́гъ воскреси́ отъ у́зъ земноро́дныя, и врата́ а́дова сокруши́, и я́ко Влады́ка воскре́ce тридне́венъ.
Mon Sauveur et mon Rédempteur, au sortir du tombeau, a libéré les humains de leurs chaînes et a fracassé les portes de l’enfer ; en Maître, Il est ressuscité le troisième jour.

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

Et que dit l'apôtre? « Que la parole du Christ demeure en vous et remplisse vos âmes». Il est encore un autre moyen de témoigner à Dieu notre reconnaissance ; j'en ai déjà parlé. Ce moyen consiste, quand on est malheureux, à passer en revue, à regarder autour de soi ceux qui ont encore plus souffert que nous, et à rendre grâces à Dieu qui ne nous a pas éprouvés comme eux. — « Que la parole du Christ demeure en vous et remplisse vos âmes ». Cette parole du Christ, ce sont Ses dogmes, ce sont Ses avis, c'est Sa doctrine où Il nous montre le néant de la vie présente et de ses biens. Si cette vérité devient évidente pour nous, nous ne reculerons devant aucune difficulté. «Qu'elle habite en vous », dit-il, « et qu'elle remplisse vos âmes ». Il ne s'est pas contenté de dire : « Qu'elle habite en vous », il a ajouté : « Qu'elle remplisse vos âmes». Écoutez tous tant que vous êtes, hommes du monde, vous qui avez une femme, qui avez des enfants. Voyez comme il vous recommande de lire les saintes Écritures et d'apporter à cette lecture non pas un esprit distrait et léger, mais une grande attention, une grande ardeur.


[1] Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petras

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