"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 24 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (12)


Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Bishop Basil carrying the Holy Fire.

Vladyka avec le Feu de Jérusalem à Moscou



L'une des participantes à notre pèlerinage était censée être Maria Guéorguievna Joukova, fille du général Joukov, commandant des forces soviétiques durant la Seconde Guerre Mondiale, mais tout à coup, le soir avant notre départz, elle tomba malade...




Nous avons dû de toute urgence trouver quelqu'un qui pourrait voyager à sa place. Pour compliquer les choses encore plus, le problème était qu'il serait impossible en si peu de temps d'organiser des visas pour un si grand nombre de pays. Et puis encore une fois nous nous souvenions de l'évêque Basile, qui venait d'arriver à Moscou le jour même.
À notre grande honte, nous n'avons pas pensé au fait que l'évêque avait déjà dépassé soixante-dix ans et qu'il pourrait ne pas être si facile pour lui de vivre pendant un mois dans un bus, sans parler du fait qu'il avait toutes sortes de choses à faire à Moscou L'essentiel pour nous était que l'évêque, comme toujours, soit d'accord. La deuxième chose, c'est que la question des visas serait résolue par lui-même: l'évêque était citoyen de Grande-Bretagne, et avec son passeport, il n'avait pas besoin de visa pour tous les pays que nous visiterions.
Et ce qui ne gâchait rien, avec la participation de Vladyka Basile, notre pèlerinage avait acquis un guide spirituel, du genre dont nous ne pouvions que rêver. Nous avons même regretté de n'avoir pas pensé à lui plus tôt. En plus de toutes les autres bonnes choses le concernant, l'évêque, à la différence de nombreux autres participants de notre pèlerinage, parlait couramment l'anglais, l'allemand et le français, le serbe, le grec, le bulgare, et suffisament de roumain.
Et ainsi Sa Sainteté le Patriarche Alexis II le bénit pour être le chef de notre groupe de pèlerinage, ce qui remplit le cœur de notre évêque de joie pour ce sentiment de responsabilité extraordinaire. Par ailleurs, grâce à Dieu, la santé de l'évêque demeura bonne tout au long du voyage. L'un des nos participants, Alexandre Nikolaïevitch Kroutov, panserait les jambes endolories de l'évêque tous les jours, et s'assurerait qu'il n'oublierait pas de prendre ses médicaments. Bref, comme l'évêque Basile le dit lui-même, Alexandre prit soin de lui comme une mère dévouée.
Je me souviens comment alors, avant notre voyage, il nous a aidé à faire nos bagages et à nous préparer, et avec quel soulagement nous avons commencé notre long voyage. Tous nos problèmes avaient été résolus!

Les problèmes recommencèrent dès qu'il fallait que nos pèlerins traversent le contrôle des frontières d'un pays. Notre délégation était censée traverser le contrôle des frontières exactement en conformité avec la liste qui avait été donnée à ces autorités en visa de groupe. Sur cette liste était Maria Guéorguievna Zhukova. Mais il y avait maintenant l'évêque Basile (Rodzianko) pour prendre sa place.
Les premiers problèmes ont commencé quand nous sommes arrivés en Israël, terre célèbre pour sa rigueur scrupuleuse dans toutes les questions de sécurité, de contrôle des frontières et les questions douanières. Les services de sécurité israéliens à l'aéroport ont immédiatement demandé à ce groupe atypique de Russes de se mettre de côté et ils ont commencé à nous appeler chacun par son nom. Il n'y eut pas de problème avec les premiers noms dans le visa de groupe, comme l'archimandrite Pancrace, l'archimandrite Serge, et Alexandre Nikolaïevitch Kroutov. Mais alors, quand ils ont appelé le nom de Maria Guéorguievna Joukova, tout à coup, à sa place,  ils ont vu l'évêque Basile, qui a poliment souri à l'agent des frontières israélien et s'est incliné devant lui.
"Attendez une minute!" L'agent était troublé. "J'ai appelé Maria Guéorguievna Joukova."
"Maria Guéorguievna Joukova, c'est moi", a déclaré l'évêque Basile naïvement.
"Que voulez-vous dire qu'elle est vous?" L'agent était ennuyé. "D'où êtes-vous finalement?"
"Moi? Je suis Basile, évêque russe."
"Maria Guéorguievna Joukova est un évêque russe? Écoutez, ce n'est pas un endroit pour plaisanter! Quel est votre vrai nom?"
"Vous voulez dire sur mon passeport? Ou-?"
"Bien sûr, votre nom sur votre passeport!" grogna l'agent.
"Mon nom sur mon passeport est Wladimir Rodzianko."
"Maria Joukova, évêque Basile, et maintenant Wladimir Rodzianko! Où êtes-vous fait?"
"En fait, je vis en Amérique," a commencé à dire l'évêque. Nous pouvons tout vous expliquer!"
D'autres membres de la délégation ont essayé d'aider. Mais l'agent des frontières israélien les a repoussés. "Tous les autres sont priés de se taire!" Puis il se tourna une fois de plus à l'évêque. "Voyons voir si je comprends bien. Vous dites que vous êtes un évêque russe, mais pour une raison quelconque vous habitez en Amérique? Intéressant. Voyons voir votre passeport. "
"J'ai un passeport britannique", a déclaré l'évêque avec prudence, tandis qu'il le donnait.
"Quoi?" Avec indignation le garde-frontière a secoué la liste des visas de groupe et l'a agitée à la face de l'évêque Basile. "Où êtes-vous marqué dans le document du groupe?"

Vladyka Basile (Rodzianko) "Comment devrais-je expliquer?" L'évêque essaya de son mieux, lui-même un peu surpris et souriant. "Le truc, c'est que dans ce document, je suis inscrit comme Maria Guéorguievna Joukova."
"Assez d'absurdités!" Dit le garde-frontière israélien. "Dites-moi qui vous êtes! Et en ce moment!"
L'évêque était vraiment contrarié d'avoir été la cause de tant de problème pour ce jeune officier. Bien sûr, malgré sa modestie naturelle, il n'aimait pas non plus que l'on crie après lui. "Je suis clerc orthodoxe russe, évêque Basile," répondit-il d'un air digne.
"Donc, vous êtes l'évêque Basile. Qui alors est Wladimir Rodzianko
"C'est moi aussi."
"Eh bien, et qui est Maria Guéorguievna Joukova?"
"Et Maria Guéorguievna Joujova, c'est aussi moi." L'évêque agita les mains vaguement.
"Hum! Et vous vivez, où?"
"En Amérique".
"Et votre passeport est?"
"Mon passeport est britannique."
"Et sur cette liste, vous êtes ...?
"Et sur cette liste, je suis Maria Guéorguievna Joukova."
Cette petite scène charmante a été répétée à chaque fois que nous avons traversé une frontière nationale. Cependant, malgré toutes ces difficultés, l'évêque Basile était tout à fait heureux. Cela avait été son rêve de prier au moment de Pâques dans l'église du Saint-Sépulcre. Et il était ravi que, après tant d'années de séparation, il pouvait être, même si ce n'est que pour une brève visite de retour dans sa chère Yougoslavie. De plus, il exécuta fidèlement la tâche importante qui lui avait été donnée, en tant que chef de notre mission de pèlerinage en Terre Saint, et, à son retour à Moscou, le jour des saints Cyrille et Méthode, il fut en mesure de participer à la procession de la Croix, juste à côté du patriarche Alexis, autour de la cathédrale de la Dormition au Kremlin sur la Place Slavyansky, portant solennellement le réceptacle du Feu de Jérusalem.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

Aucun commentaire: