"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 1 décembre 2012

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


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19 novembre / 2 décembre 
26ème dimanche après la Pentecôte 
Saint Abdias, prophète (IX° av. J. - C. ) ; saint Barlaam, martyr à Antioche (vers 304) ; saint Barlaam et Joasaph, prince des Indes, et son père Avenir, roi (IVème s.) ; saint Philarète, métropolite de Moscou et de Kolomna (1867) ; saint Azas d'Isaurie, thaumaturge, martyr avec ses compagnons, 150 soldats (284-305) ; saint Héliodore de Pamphylie, martyr (vers 273) saint Hilarion le Géorgien, thaumaturge (875) ; saint Barlaam, premier higoumène de la Laure des Grottes de Kiev (1065).

Lectures : Eph. V, 9-19 ; Eph. VI, 10-17 ; Lc. XII, 16-21 ; Matth. V, 14-19

VIE DE SAINT PHILARÈTE DE MOSCOU[1]

S
aint Philarète fut une des figures les plus marquantes de l’Église russe au XIXème siècle. Né en 1782, à Kolomna, près de Moscou, au sein d’une famille sacerdotale, il fut baptisé sous le nom de Basile. Il entra à l’âge de neuf ans au séminaire local et continua ensuite son instruction ecclésiastique dans le séminaire installé auprès de la Laure de la Trinité-Saint-Serge. Le métropolite de Moscou, Platon, qui résidait fréquemment à la Laure, remarqua les aptitudes extraordinaires du jeune séminariste pour l’apprentissage des langues anciennes, la théologie et la poésie, et il le prit sous sa protection. Malgré ses dons, Basile restait pieux, calme et modeste, et jouissait de l’estime générale. Ayant terminé ses études premier de sa promotion, on lui confia aussitôt l’enseignement du grec — langue qu’il écrivait et parlait couramment — et de l’hébreu. D’une éloquence raffinée, sachant enflammer les âmes d’amour pour la vertu, il fut bientôt désigné comme prédicateur de la Laure et nommé professeur de rhétorique. Son bienfaiteur, le métropolite Platon, qui était considéré comme un grand théologien et orateur de talent, écrivait à son propos : « Moi, j’écris comme un homme, mais lui il écrit comme un ange. » Encouragé par le métropolite, et après une mûre réflexion accompagnée de luttes intérieures, le brillant professeur fut tonsuré moine sous le nom de Philarète et ordonné diacre quelques jours après (1808). Transféré, un an plus tard, au Séminaire de Saint-Pétersbourg, il y remplit les fonctions d’inspecteur et de professeur de philosophie. Après son ordination sacerdotale, il enseigna l’Écriture sainte, l’Histoire ecclésiastique, le Droit canonique et la Théologie dogmatique à

l’Académie théologique. Il continuait de plus sa prédication et sa voix, résonnant dans les grandes cathédrales, attirait de nombreux admirateurs. Il entretenait des relations avec les écrivains illustres de ce temps, comme Pouchkine, qu’il avait réconforté par un admirable poème, et qui lui écrivit avec reconnaissance : « Le poète, saisi de frayeur sacrée, écoute religieusement la harpe de Philarète. » Élevé à la dignité d’archimandrite à l’âge de trente ans, il fut bientôt nommé recteur de l’Académie théologique et supérieur d’un grand monastère de Novgorod. Infatigable dans les travaux intellectuels comme dans les responsabilités administratives, il menait ordinairement de front trois ou quatre besognes à la fois. Son disciple, l’archimandrite Photius, le décrit en ces termes : « Il avait toujours le visage clair et joyeux, les yeux perçants, l’air ascétique et sévère, mais agréable. Son pas était lent et majestueux. Sa voix était douce et fine, mais bien claire. Il parlait avec finesse et sagacité, et disposait les étudiants à l’écouter avec entrain, au point qu’ils en oubliaient l’heure du repas. La force, la beauté, la dignité et la gloire de l’Académie théologique étaient alors concentrées en Philarète. » Unissant une rare érudition à une fervente piété, il tâchait de communiquer avant tout à ses auditeurs, ou aux lecteurs de ses ouvrages qui restent des classiques de la littérature orthodoxe, l’« esprit de l’Orthodoxie », c’est pourquoi il fut, dès son vivant, considéré comme un véritable Père de l’Église et surnommé : le « nouveau Chrysostome ». Après avoir été gratifié du titre de Docteur en Théologie, Philarète fut consacré évêque à l’âge de trente-cinq ans seulement (1817). D’abord vicaire du métropolite de Saint-Pétersbourg, il devint bientôt archevêque de Tver, puis de Iaroslavl et, au bout de cinq ans, il fut élevé sur le trône de la métropole de Moscou et de Kolomna, charge qu’il occupa jusqu’à son trépas. Comme hiérarque, il administrait son diocèse avec la même énergie qu’il avait manifestée en tant que recteur de l’Académie. Dès qu’il fut nommé à Tver, par exemple, il parcourut en cent jours cet immense diocèse, en prêchant dans toutes les églises. À la tête du diocèse de Moscou, il œuvra avec persévérance pour corriger les défauts du clergé. Exigeant pour la rigueur morale de ses clercs, il n’hésitait pas à leur infliger des peines canoniques ; mais il savait tempérer cette sévérité en subvenant personnellement aux besoins matériels des familles des clercs suspendus. Travaillant sans relâche, il ne s’accordait jamais de loisirs, et nul ne savait quand il dormait, car quel que fût le moment du jour ou de la nuit auquel son serviteur se présentât, il le trouvait toujours à sa table de travail. Il rédigeait des ouvrages de théologie, des manuels, des articles, mais donnait surtout le meilleur de lui-même dans d’admirables sermons[2]. Il laissa également une immense correspondance, contenant de précieuses instructions sur tous les sujets d’ordre ecclésiastique. Il fut par ailleurs l’initiateur de la traduction en russe de la Bible, tâche de longue haleine, à laquelle il contribua en traduisant lui-même plusieurs livres, et qui ne put être achevée qu’au bout de cinquante ans, à cause de l’opposition du tsar et de certains milieux ecclésiastiques. Ce fut grâce à son appui et à sa collaboration que les startsi du monastère d’Optino purent publier leurs traductions des Pères de l’Église, qui allaient devenir l’instrument d’un grand

mouvement de réveil spirituel en Russie [10 et 11 oct.]. Sachant consulter ses collaborateurs et recevant avec humilité leurs critiques, le saint hiérarque était doux et patient envers ses ennemis, et supportait avec tolérance les accusations les plus injustes ; en revanche, il se montrait inflexible quand il s’agissait des saints dogmes, des commandements de Dieu ou de la tradition de l’Église. Il employait tous ses revenus à des œuvres de bienfaisance, s’arrangeant pour que ses bienfaits restent toujours secrets, et c’est avec ses propres ressources que fut construit un grand hospice pour les orphelins et les enfants des familles ecclésiastiques pauvres. À partir de 1819, il devint membre du Saint-Synode. Nulle question n’échappait à sa compétence. On le consultait même quand il n’assistait pas aux sessions, et il ne manquait jamais de donner aux problèmes les plus embrouillés une solution juste et sagement fondée sur les principes canoniques. Ascète de nature, le saint évêque aimait à se retirer dans la solitude pour se consacrer à la prière et à la contemplation. C’est pour satisfaire cette inclination, qu’il fonda la skite de Gethsémani, près de la Laure de la Trinité, où il passait souvent quelques jours dans une simple cellule monastique. Débordant de charité divine, ses yeux luisaient de larmes dès qu’il était question d’une bonne œuvre, d’intentions droites ou de questions dignes de compassion. Il s’efforçait d’accomplir tout ce qu’il enseignait aux autres et s’attirait ainsi l’attachement indéfectible de ses fidèles, qui sollicitaient ses prières, lesquelles étaient souvent couronnées par des miracles.Ayant brillé pendant un demi-siècle comme un flambeau de la grâce sur le candélabre de l’Église, saint Philarète remit en paix son âme à Dieu, le 19 novembre 1867, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Quelques mois auparavant, il avait vu en rêve son père qui lui avait recommandé d’observer la « date du 19 ».

Tropaire du dimanche du 1er ton

La pierre étant scellée par les Juifs et les soldats gardant Ton corps immaculé, Tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, donnant la vie au monde ; aussi, les Puissances des cieux Te crièrent : Source de vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection, gloire à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique Ami des hommes! 

Tropaire de saint Philarète, ton 4
Ayant acquis la grâce de l’Esprit Saint, ô hiérarque Philarète, tu prêchas la vérité et la justice aux hommes grâce à ton esprit illuminé ; tu manifestas la paix et la miséricorde à ceux qui souffraient et tu gardas le troupeau de Russie, comme un maître de foi et un gardien vigilant, par le bâton de  la droiture. Aussi, ayant de la liberté auprès du Christ Dieu, prie-Le d’accorder l’affermissement à l’Église et à nos âmes le salut.

Kondakion de saint Philarète, ton 2

Comme un véritable imitateur de saint Serge, tu aimas la vertu depuis ta jeunesse, ô Philarète bienheureux en Dieu. Comme un pasteur juste et un confesseur immaculé, tu subis les outrages et les insultes des athées après ton saint trépas ; mais Dieu t’a glorifié par des signes et des miracles et t’a manifesté comme protecteur de notre Église.

Kondakion du dimanche du 1er ton

Ô Dieu, Tu es ressuscité du tombeau dans la gloire, ressuscitant le monde avec Toi ! La nature humaine Te chante comme son Dieu et la mort s’évanouit. Adam jubile, ô Maître, et Ève, désormais libérée de ses liens, Te crie dans sa joie : « C’est Toi, ô Christ, qui accordes à tous la Résurrection ! »

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Luc XXIV, 12-35 ; Liturgie : Eph. VI, 10-17 ; Hébr. VII, 26 – VIII, 2 ; Lc. XIII, 10-17 ; Jn. X, 9-16

L’office de l’Entrée au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu est disponible en version slavon-français sur le site du diocèse : www.diocesedegeneve.net



    








[1] Tiré du Synaxaire du Père Macaire de Simonos Petras.


[2]. Un recueil choisi de ces sermons a été traduit en français par A. Serpinet (Paris, 1866).




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