"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 16 mars 2014

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



3/16 mars
2ème dimanche de Carême – St Grégoire Palamas

Synaxe de tous les saints de la Laure des Grottes de Kiev ; Saints Eutrope, Cléonique et Basilisque, martyrs (vers 308) ; sainte Piame, vierge, ascète en Haute-Egypte (337) ; saints Zenon et Zoïle ; sainte moniale martyre Marthe Kovrova et martyr Michel Stroïev (1938).

Liturgie de saint Basile le Grand


Lectures: Hébr. I, 10- II, 3 Hébr. VII, 26 – VIII, 2; Mc. II, 1-12 ; Jn. X, 9-16


L’ENSEIGNEMENT DE ST GRÉGOIRE PALAMAS[1]

À
 l’époque de St Grégoire Palamas, un moine originaire de Calabre, Barlaam (1290-1348), s’était acquis une brillante renommée dans les milieux intellectuels de la capitale, grâce à son habilité pour les spéculations abstraites. Il aimait particulièrement commenter les écrits mystiques de saint Denys l’Aréopagite, mais il en donnait une interprétation purement philosophique, ne faisant de la connaissance de Dieu que l’objet de froids raisonnements et non le fruit d’une expérience vécue. Ayant fait la connaissance de quelques moines simples à Thessalonique, ce délicat humaniste avait été scandalisé par leurs méthodes de prière et par la place qu’ils laissaient à l’élément sensible dans la vie spirituelle. Il prit cette occasion pour calomnier les moines et les accuser d’hérésie messalienne auprès du Synode permanent de Constantinople (1337). Les hésychastes firent alors appel à St Grégoire qui rédigea plusieurs traités, dans lesquels il répondait aux accusations de Barlaam en situant la spiritualité monastique dans une vaste synthèse théologique. Il y montrait que l’ascèse et la prière sont l’aboutissement de tout le mystère de la Rédemption et qu’elles sont le moyen offert à chacun pour faire éclore la grâce déposée en lui au baptême. Il défendait aussi le bien-fondé des méthodes utilisées par les hésychastes pour fixer l’intelligence dans le cœur, car, depuis l’Incarnation, c’est dans nos corps sanctifiés par les sacrements et greffés par l’Eucharistie au Corps du Christ que nous devons rechercher la grâce de l’Esprit. Cette grâce est la gloire de Dieu elle-même qui, jaillissant du corps du Christ le jour de la Transfiguration, a frappé les disciples de stupeur (cf. Mt XVII) et qui, lorsqu’elle resplendit dans notre cœur purifié de ses passions, nous unit vraiment à Dieu, nous illumine, nous déifie et nous donne un gage de la gloire qui brillera aussi sur le corps des saints après la résurrection générale. En affirmant ainsi la pleine réalité de la déification, Grégoire ne niait pourtant pas que Dieu soit absolument transcendant et inconnaissable dans Son essence. À la suite des saints Pères, mais de manière plus nette, il distingue en Dieu l’essence imparticipable et les énergies éternelles, créatrices et providentielles, par lesquelles le Seigneur fait participer les êtres créés à Son être, à Sa vie et à Sa lumière, sans toutefois n’introduire aucune division dans l’unité de la Nature divine. Pour saint Grégoire, Dieu n’est donc pas le concept des philosophes, mais il est Amour, Personne vivante et feu dévorant, comme l’enseigne l’Écriture, et Il fait tout pour nous déifier. D’abord reconnues par les autorités de l’Athos en 1340, les réfutations du saint furent ensuite adoptées par l’Église, qui condamna Barlaam — et avec lui l’humanisme philosophique qui devait bientôt animer la Renaissance européenne — au cours de deux conciles réunis à Sainte-Sophie, en 1341.

Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Дýxoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасе́нie на́ше, воспои́мъ вѣ́рній и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на кре́стъ, и cме́рть претерпѣ́ти, и воскреси́ти уме́ршыя сла́внымъ воскресеніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !

Tropaire de St Grégoire Palamas, ton 8
Правосла́вiя свѣти́льниче, Цépкве утвержде́нie и yчи́телю, мона́ховъ добро́то,  богосло́вовъ побо́рниче непpeбори́мый, Григо́рiе чудотво́рче, Фeccaлонíтская похвалó, проповѣ́-дниче благода́ти, моли́cя вы́ну спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Flambeau de l’Orthodoxie, soutien et docteur de l’Église, modèle des moines, défenseur invincibles des théologiens, ô Grégoire thaumaturge, fierté de Thessalonique, prédicateur de la Grâce, intercède toujours pour le salut de nos âmes. 

Kondakion de St Grégoire Palamas, ton 8
Прему́дрости свящéнный и Боже́ственный opга́нъ, богосло́вія свѣ́тлую coглácно трyбу́, воспѣва́емъ тя́ Григо́рiе Богоглаго́льниче ; но я́ко у́мъ умý пе́рвому предстоя́й, къ Нему́ у́мъ на́шъ О́тче наста́ви, да зове́мъ : ра́дуйся проповѣ́дниче благода́ти.

Instrument sacré et divin de la Sagesse, porte-voix lumineux de la théologie, nous te chantons d’une seule voix, Grégoire aux paroles divines ; mais toi qui es intelligence devant la Première Intelligence, conduis vers Elle notre intelligence, pour que nous te clamions : réjouis-toi, ô père, prédicateur de la Grâce.

Kondakion du triode, ton 4
Ны́нѣ вpéмя дѣ́лательное яви́ся, при двépexъ cýдъ, воста́немъ у́бо постя́щеся, пpинесе́мъ сле́зы умиле́нія, ми́лостынями, зову́ще : coгрѣши́хомъ па́че песка́ морска́го, но осла́би содѣ́телю всѣ́xъ, я́ко да пріи́мемъ нетлѣ́ныя вѣнцы.

Maintenant est venu le temps de nous mettre à l’œuvre, le jugement est proche ; hâtons-nous donc de jeûner, apportons les pleurs de componction avec des œuvres de miséricorde et disons : nos péchés sont plus nombreux que les grains de sable de la mer, mais Toi, le Créateur de toutes choses, pardonne-nous, afin que nous recevions les couronnes incorruptibles.

Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne
COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

L’hymne de victoire (suite)

La doxologie commune des anges et des hommes
L’Hymne trois fois sainte est la manifestation de l’unité du ciel et du monde terrestre. Les anges et les hommes glorifient ensemble le Seigneur. Parlant de l’Hymne de victoire, saint Jean Chrysostome demande : « Reconnaissez-vous cette voix ? Est-ce la nôtre ou celle des séraphins? C'est à la fois la nôtre et c'est celle des séraphins, car le Christ a détruit le mur de séparation de l’inimitié [Éph. II,14] ; il a fait régner la paix sur la terre et dans les cieux [cf. Col. I,20]… D'abord cet hymne n'était chantée que dans le ciel; mais quand le Seigneur eut daigné descendre sur la terre, Il nous a apporté cette mélodie. Voilà pourquoi le prêtre, quand il se tient debout à cette table sainte… ne se contente pas de nous inviter à pousser cette acclamation : il commence par nommer les chérubins, par faire mention des séraphins, puis il nous exhorte tous à unir nos voix dans ce cri qui provoque tant de crainte et de tremblement : après avoir élevé notre pensée au-dessus de la terre, en nous rappelant ceux qui chantent avec nous, on dirait qu'il crie à chacun de nous : tu chantes avec les séraphins, tiens-toi debout avec les séraphins, avec eux déploie les ailes, avec eux voltige autour du trône royal ».

Dans la Liturgie du Royaume, les ordres angéliques apparaissent comme « quatre êtres vivants remplis d’yeux devant et derrière. Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être vivant est semblable à un veau, le troisième être vivant à la face d’un homme, et le quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole. Les quatre êtres vivants ont chacun six ailes, et ils sont remplis d’yeux tout autour et au-dedans. Ils ne cessent de dire jour et nuit : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, qui était, qui est, et qui vient ! » (Ap. IV, 6-8).

Les quatre animaux aux nombreux yeux symbolisent les Puissances angéliques et toute la création. Le roi des oiseaux (l’aigle), le roi des animaux domestiques (le bœuf), le roi des animaux sauvages (le lion) et le roi de la création (l’homme) chantent jour et nuit l’Hymne triomphale au Seigneur tout-puissant : « chantant est l’aigle ; criant est le bœuf ; clamant est le lion ; disant est l’homme » (St Germain de Constantinople). La création entière participe à la glorification de Dieu.

***
Le ciel et la terre se sont maintenant unis. Les anges, les hommes et la création matérielle, le monde intelligible, rationnel et matériel, chantent ensemble l’hymne de la victoire du Dieu-homme (St Maxime le Confesseur): « Il est vraiment digne et juste, approprié et salutaire de Te louer, de Te chanter… Toi que chantent les cieux et les cieux des cieux et toutes leurs puissances, le soleil et la lune et tout le chœur des étoiles, la terre, la mer et tout ce qui y vit, la Jérusalem céleste, l’assemblée des élus, l’Église des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux, les esprits des Justes et des Prophètes, les âmes des Martyrs et des Apôtres, les Anges, les Archanges, les Trônes et les Dominations, les Principautés et les Autorités et les redoutables Puissances, les Chérubins aux innombrables yeux et les Séraphins aux six ailes… avec des lèvres qui ne cessent [leur hymne] et des théologies qui ne sont jamais silencieuses, chantant l’Hymne de victoire à Ta gloire majestueuse avec une voix vibrante, clamant, glorifiant, criant et disant : Saint, saint, saint est le Seigneur Sabaoth » (Liturgie de St Jacques). Ceux qui ont des sens spirituels peuvent percevoir la participation de toute la création dans l’hymne de louange. Nous lisons dans le Pré Spirituel que, au Mont Sinaï, la montagne où Dieu marcha, « le jour de la Pentecôte, une Liturgie était célébrée sur la sainte cime. Lorsque le prêtre dit : « Chantant l’Hymne de victoire à Ta gloire majestueuse avec une voix vibrante », toutes les montagnes répondirent d’un rugissement terrible, répétant trois fois : Saint, saint, saint. Ce rugissement et son écho durèrent environ une demi-heure. Cependant, ce rugissement n’a pas été entendu par tous, mais par ceux seuls qui avaient des oreilles pour entendre [Matth. XI, 15] l’hymne des anges ».

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 36-53
Liturgie : Hébr. IV, 14 - 5,6  / Mc VIII, 34 - IX, 1 


[1] Tiré du Synaxaire du P. Macaire de Simonos Petras

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