"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 27 août 2014

Panayiotis Christou: La Vie Monastique dans l’Eglise Orthodoxe (1)




Au cours du quatrième siècle de notre ère apparut dans l'Eglise un fort mouvement de retrait de la société organisée dans le désert,  mouvement qui devint de plus en plus grande au cours de la période suivante. Pour interpréter l'apparition soudaine de ce mouvement les historiens ont avancé diverses hypothèses, dont les plus plausibles sont au nombre de deux. Selon la première, la vie monastique était un produit des religions orientales, dans lesquelles auparavant l’ascétisme était pratiqué, soit dans la solitude totale ou dans un monastère. Selon la seconde, hypothèse, la vie monastique fournit un moyen de s’échapper quand une réaction fut provoquée par le contact plus étroit du christianisme avec le monde, et l'inévitable déclin des normes morales.
La première hypothèse est sans fondement, car il n'a pas été possible historiquement de découvrir un lien entre l'ascétisme oriental et la vie monastique chrétienne. Par ailleurs, si le christianisme avait été influencé de cette manière, l'influence aurait dû venir des groupes ascétiques de la secte des Esséniens, dont l'environnement est celui dans lequel le christianisme est né; pourtant la vie monastique est apparue bien après la disparition des communautés esseniennes. Ceci, bien sûr, ne signifie pas que, dans ses stades plus tardifs, le monachisme n'avait pas certaines caractéristiques en commun avec les Esséniens et les communautés néo-pythagoriciennes. La seconde hypothèse est également inacceptable, car il y avait de nombreux ermites vivant dans la campagne avant même la reconnaissance du christianisme par Constantin le Grand.
      Le monachisme est un mode de vie qui est apparu dans l'Église et s’est développé organiquement en portant les principes moraux du christianisme à leurs limites. En effet, bien que le christianisme ne soit pas entré dans le monde, soit comme une philosophie pessimiste ou comme une force de dissolution de la société, il a néanmoins été régi par des principes qui le séparaient dans la société de l'époque. Il tournait toute son attention sur le centre de la vie et ne tenait pas compte de la périphérie. Une chose a une valeur suprême pour l'homme: l'âme, à côté de laquelle le monde entier est insignifiant. " Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perdait son âme? ou, "que donnerait un homme en échange de son âme? " (Matthieu XVI, 26). 

Les affaires de ce monde empêchent les mouvements de l'âme, et les biens de ce monde s'accumulent autour de lui, l'étouffant et  l'empêchant de se développer en une personnalité intégrée. Un dur combat attend donc l'homme, s'il doit se libérer de son moi inférieur, qui est attaché aux choses de ce monde, et de développer son moi idéal supérieur,  qui le rend capable de se tenir avec assurance devant Dieu. Dans cette lutte, telle que l’a déclarée Jésus-Christ, l'homme devra se soumettre lui-même et ses activités à un examen rigoureux. Il doit se séparer de nombreux biens terrestres en vue d'acquérir le trésor céleste, et se soumettre à l'épreuve de la souffrance afin de purifier sa volonté.

      Sur la base de ces principes, les premiers chrétiens ont ordonné leur vie sur un plan moral exceptionnellement élevé; mais certains d'entre eux voulaient passer à plus d'austérité, se privant de plus de biens et s'imposant à eux-mêmes une plus grande maîtrise de soi, le jeûne et la prière. Car le mariage chrétien est honorable, c’est un grand sacrement, mais il s'agit d'une institution de ce monde, tandis que dans l'au-delà les hommes vivront comme des anges. Pour cette raison, ceux qui le pouvaient l'évitaient; certains ont cherché à le contourner en le remplaçant par une sorte de mariage spirituel, dans lequel l'homme et la femme vivaient ensemble dans la pureté (I Corinthiens vii, 36 et suiv.). Beaucoup de veuves évitaient le mariage, et les vierges refusaient totalement de se marier. Ces femmes s’ organisaient en sociétés spéciales, tout d'abord pour leur propre protection, et d'autre part pour canaliser leur activité dans le travail social. Nous avons ici la première forme de vie monastique qui s'est développée dans le cadre de la communauté chrétienne organisée.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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