"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 27 mai 2015

Archimandrite Melchisédek [Velnic]: Le moine, Don de Dieu (1)








"Jésus lui dit: Si tu peux croire!... Tout est possible à celui qui croit. (Marc 9:23) et "Toutes choses ont été faites par lui [le Verbe], et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans lui."(Jean 1: 3), dit notre Rédempteur Jésus-Christ. Croire en la vie au-delà, croire en la puissance de la création de Dieu l'éternel, croire que Dieu vit et œuvre dans le monde jusques à ce jour, croire qu'il a gouverné et gouverne le monde, sont des questions auxquelles l'homme contemporain trouve des réponses pleines de doute.

Il est difficile aujourd'hui de dire de grandes choses des moines et du monachisme, en général, étant donné que, pour beaucoup de gens, les moines semblent être des personnes vivant en marge de la société, arriérés ou incultes, qui n'ont pas trouvé de but dans la vie, ou qui, peut-être, ont subi une grande déception. Cependant, pour le croyant qui a encore en lui un brin du souffle de son Dieu intérieur, pour celui qui n'a pas froissé le visage de son Dieu intérieur, nous dirons avec force - et, ensemble, dans l'esprit de tous ceux qui ont été frappés par la Lumière du Dieu Très Saint - que sans les moines et le monachisme, le monde, "le christianisme de la laïcité se serait effondré" [1].

Les empereurs tels que Théodose, Justinien, Alexis Comnène, ont émis des lois et protégé le monachisme. "La vie monastique et la contemplation sont une chose sainte", utile à tous les citoyens, "pour sa pureté et sa médiation" de prières par les moines pour le bien commun, a déclaré l'empereur Justinien en 133 à Novella. Alexis Comnène (1081- 1118) a écrit : "Je ne crois pas avoir jamais fait la volonté de Dieu, ce qui est pourquoi je suis convaincu que tout ce que Dieu m'a accordé dans cette vie était due aux prières fidèles de mes saints moines et de la confiance que je mets en eux" [2 ].

La même prise de conscience élevée de la vie monastique, nous pouvons la trouver avec le voïvode saint Etienne le Grand, qui appela les moines "mes donateurs de prières," considérant Putna comme "son monastère bien-aimé" [3].

Le monachisme, fondé et enraciné dans l'enseignement du Christ Rédempteur et des Saints Pères, ainsi que dans 2000 ans d'existence, a prouvé que ce mode de vie est "l'art des arts", "la science des sciences", tout comme le fait de mener une vraie vie chrétienne est un "art confessionnel" [4].

Quel est le but d'une vie monastique? En un mot, nous pouvons dire: la perfection. C'est une chose qui est difficile à saisir, mais encore plus difficile à suivre et à analyser.

Les paroles du Christ, notre Rédempteur sont claires. "Si tu veux être parfait,"  dit Jésus à un jeune homme [riche] qui voulait être racheté, "va vendre ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis moi" ( Matthieu 21: 9). Et Jésus a aussi dit: "Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est aux cieux est parfait." (Matthieu 5:48), et "Tu es Dieu" (Psaumes 90: 2).

La perfection! Recherche élevée et profonde! Cependant, beaucoup, très nombreux ont été ceux qui ont atteint ce pic élevé. Les hauteurs appartiennent aux aigles, ils sont seuls  à admirer la beauté au-dessus de laquelle ils se sont élevés. Allant vers celui qui est appelé Bouche d'Or [saint Jean Chrysostome], nous constatons chez lui des termes spéciaux sur ce que les moines sont, ce qu'ils font et quel est leur but. Ils sont "l'hôte du Christ, le troupeau royal, la vie et la vie des pouvoirs d'en Haut" [5], et sont "égaux aux anges" [6], et pour nous, "notre vie" et "l'incarnation lumineuse des choses célestes"[7]. "Toutes ces choses viennent du bon ordre des choses trouvées dans leur âme. Vraiment ils sont saints, et parmi les hommes, ce sont des anges "[8].

Pour saint Jean Chrysostome, le moine est "un homme engagé envers Dieu, un homme qui a choisi une vie solitaire, maître de la passion, de l'envie, de l'amour de l'argent, du plaisir et de tous les autres péchés. Il réfléchit sans cesse et veille à ce que son âme ne puisse être gouvernée par les passions honteuses, que son esprit ne puisse être asservi par la tyrannie amère de la luxure. Il veille à ce que son esprit soit toujours au-dessus des choses éphémères, opposant la crainte de Dieu à ses passions " [9]. Ce sont "des gens [les moines] qui ne pourraient pas nuire aux autres, étant préparés dans leur âme à seulement souffrir" [10], et "leurs quêtes sont correctes et remplies de l'amour de Dieu" [11]

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Mănăstirea Putna

Notes bibliographiques des ouvrages utilisés par l'auteur:


[1] St. Ignatie Brancianinov [ Saint Ignace Briantchaninov], apud Arhim. Sofronie Saharov, Of the Foundations of Orthodox Willesness, translation by Hieromonk Rafail, Alba Iulia, 1994, p. 33.

[2] Tomáš Špidlík, The Spirituality of the Christian East, vol. III, ‘Monasticism’, translation by Deacon Ioan Ică jr. Sibiu, 2000, p. 7.

[3] Stephen the Great and Holy. Chronicle Portrait, The Holy Monastery of Putna, 2003, p. 235.

[4] Ibidem, p. 9

[5] Saint John Chrysostom, Homilies on Matthew, from ‘Church Parents and Writers’, vol. 23, Bucharest, 1994, p. 106.

[6] Ibidem, p. 799.

[7] Idem, from Oratorical Treasures of Saint John Chrysostom, in French by Jean Doublet, translated into Romanian by Deacon Gheorghe Băbuţ, vol. I, Oradea, 2002, p. 236.

[8] Idem, Clarifications on Saint Apostle Paul’s Epistle 1 Timothy, Bucharest, 2005, homily 14, p. 155-156.

[9] Idem, On the Devil’s Narrow Power. On Repentance. On Troubles and Overcoming Sadness, translated by Prof. Father Dumitriu Fecioru, Bucharest, 2002, p. 245.

[10] Idem, On Virginity. The Apology of Monastic Life. On Raising Children, translation from Greek and notes by Prof. Father Dumitriu Fecioru, Bucharest, 2001, p. 189.

[11] Idem, Clarifications on Saint Apostle Paul’s Epistle 1 Timothy, homily 14, p. 156.

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