"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 29 août 2015

PERE GEORGE [Metallinos]:LE PARADIS ET L’ENFER SELON LA DOCTRINE ORTHODOXE (5)



Le Christ et saint Dismas 
[Le Bon Larron] en Paradis

Les perceptions et interprétations scholastiques qui, à travers l'œuvre de Dante (in Inferno/l’enfer) ont imprégné notre monde, ont des conséquences qui remontent à des concepts idolâtres. Un exemple est la séparation du paradis et de l'enfer comme deux lieux différents. Cela est arrivé parce qu'ils ne distinguent pas entre le créé et l'incréé. Tout aussi erronée est la négation de l'éternité de l'enfer, avec l'idée de la “restauration” de tous, ou les concepts entourant l'idée de Bon Dieu. Dieu est en effet “bienveillant” (Mt.8: 17), car il offre le salut à tout le monde: ("Il veut que tous soient sauvés…" 1 Tm 2: 4). Cependant, les paroles de notre Seigneur comme on les entend pendant le service funèbre sont redoutables: “ Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j'entends, je juge; et mon jugement est juste " (Jn. 5: 30).

Tout aussi fabriqué est le concept de la théodicée, qui s’applique dans ce cas. Tout [toute responsabilité] est finalement attribué à Dieu seul, sans tenir compte de la coopération de l'homme (synergie) comme facteur de rédemption. Le salut n’est possible que dans le cadre de la coopération entre l'homme et la Grâce divine. Selon le bienheureux Jean Chrysostome, "la plus grande partie, presque tout, est de Dieu; Il a cependant laissé un peu de choses pour nous." Ce "peu de choses" est notre acceptation de l'invitation de Dieu. Le larron sur la Croix a été sauvé, "en utilisant la demande clé de se souvenir de [lui]… "! Egalement idolâtre est la perception d'un Dieu devenant outragé contre un pécheur, alors que nous avons mentionné plus tôt que Dieu "ne montre jamais d'inimitié." Ceci est une perception morale de Dieu, qui conduit également à la perspective de “ pénitences ” lors des confessions comme des formes de punition, et non comme remèdes [epitimia], comme moyens de guérison.

Le mystère du paradis-enfer est également expérimenté dans la vie de l'Eglise dans le monde. Pendant les Saints Mystères / sacrements, il y a une participation des fidèles à la Grâce divine, afin que la Grâce puisse être activée dans nos vies, dans notre course vers le Christ. Surtout pendant l'Eucharistie, l'Incréé (Sainte Communion) devient soit le paradis soit l'enfer en nous, en fonction de notre état. Notre participation à la Sainte Communion est principalement une participation soit au paradis, soit à l'enfer, dans notre propre temps et lieu. Voilà pourquoi nous supplions Dieu, avant de recevoir la Sainte Communion, de rendre les dons précieux "non pas comme jugement ou condamnation” en nous “, pour la guérison de l'âme et du corps," et non pas comme “condamnation”.

Voilà pourquoi la participation à la Sainte Communion est liée au parcours spirituel de vie globale des fidèles. Lorsque nous abordons la Sainte Communion non purifiés et impénitents, nous sommes condamnés (brûlés). La Sainte Communion en nous devient “enfer” et “mort spirituelle” (voir 1 Cor. 11: 30, etc.). Non pas parce qu'elle se transforme en ces choses, bien sûr, mais parce que notre propre impureté ne peut pas accepter la Sainte Communion comme “paradis." Étant donné que la Sainte Communion est appelée “le remède de l'immortalité" (Saint Ignace le Théophore, IIe siècle), la même chose se produit exactement comme avec tout remède. Si notre organisme n'a pas les conditions préalables pour absorber le médicament, alors le médicament va produire des effets secondaires, et il peut tuer au lieu de guérir. Ce n’est pas le remède qui est responsable, mais la condition de notre organisme. 


Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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