"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 31 mai 2017

Paroisse orthodoxe de la sainte Transfiguration ( Ile Maurice): L'Église du Christ et l'œcuménisme



Archiprêtre Michael Pomazansky

Les attributs de l'Église indiqués dans le symbole de la foi, «une, sainte, catholique et apostolique», se réfèrent à l'Église militante. Cependant, ils reçoivent leur pleine signification avec la conscience de l'unité de cette Église avec l'Église céleste dans le seul Corps du Christ: l'Église est une, avec une unité à la fois céleste et terrestre; elle est sainte avec une sainteté céleste et terrestre; elle est catholique et apostolique par son lien ininterrompue avec les apôtres et tous les saints. 

L'enseignement orthodoxe de l'Église, qui en soi est assez clair et repose sur l'Écriture Sainte et la sainte Tradition, doit être contrasté avec un autre concept répandu dans le monde protestant contemporain et qui a pénétré même dans les milieux orthodoxes. Selon ce concept différent, toutes les diverses organisations chrétiennes existantes, les soi-disant «confessions» et «sectes», même si elles sont séparées l'une de l'autre, comprennent encore une «Église invisible» unique, dans la mesure où chacune d'entre elle confesse le Christ comme Fils de Dieu et accepte son évangile. La diffusion d'un tel 2 point de vue est aidée par le fait que, côte à côte avec l'Église orthodoxe, il existe en dehors d'elle un certain nombre de chrétiens qui dépasse largement le nombre de membres de l'Église orthodoxe. 

Souvent, nous pouvons observer dans ce monde chrétien à l'extérieur de l'Église une ferveur et une foi religieuse, une vie morale digne, une juste conviction – qui va parfois jusqu'au fanatisme -, une organisation et une vaste activité caritative. Quelle est la relation de toutes ces organisations avec l'Église du Christ? Bien sûr, il n'y a aucune raison de voir ces confessions et ces sectes au même niveau que les religions non chrétiennes. 

On ne peut pas nier que la lecture de la Parole de Dieu a une influence bénéfique sur tous ceux qui en cherchent l'instruction et le renforcement de la foi, et cette réflexion dévote sur Dieu le Créateur, Providence et Sauveur, a aussi un pouvoir élévateur parmi les protestants. Nous ne pouvons pas dire que leurs prières sont totalement infructueuses si elles proviennent d'un cœur pur, car tout homme, de n'importe quelle nationalité, qui le respecte et fait ce qui est juste lui est agréable. (Actes 10:35). 

La bonne providence omniprésente de Dieu est sur eux, et ils ne sont pas privés des miséricordes de Dieu. Ils aident à restreindre la folie morale, les vices, et les crimes; et ils s'opposent à la propagation de l'athéisme. Mais tout cela ne nous donne aucun motif de les considérer comme appartenant à l'Église. Déjà le fait qu'une partie de ce vaste monde chrétien en dehors de l'Église, à savoir l'ensemble du protestantisme, nie le lien avec l'Église céleste, c'est-à-dire la vénération en prière de la Mère de Dieu et des saints, ainsi que la prière pour les morts, indique qu'ils ont eux-mêmes détruit le lien avec le seul Corps du Christ qui unit en lui-même ce qui est céleste et terrestre. 

En outre, il est un fait que ces confessions non orthodoxes ont «rompu» sous une forme ou une autre, directement ou indirectement, avec l'Église orthodoxe, avec l'Église dans sa forme historique; elles ont elles-mêmes détruit le lien, elles l'ont «quittée». Ni elles ni nous n'avons le droit de fermer les yeux sur ce fait. Les enseignements des confessions non orthodoxes contiennent des hérésies qui ont été décisivement rejetées et condamnées par l'Église dans ses conciles œcuméniques. Dans ces nombreuses branches du christianisme, il n'y a pas d'unité, ni vers l'extérieur, ni vers l'intérieur, ni avec l'Église orthodoxe du Christ, ni entre elles. 

L'unification supra-confessionnelle (le «mouvement œcuménique») qui doit maintenant être observée n'entre pas dans les profondeurs de la vie de ces confessions, mais a un caractère extérieur. 

Le terme «invisible» ne peut se référer qu'à l'Église céleste. L’Église sur la terre, même si elle a son côté 3 invisible, comme un navire dont une partie est cachée dans l'eau et qui est invisible aux yeux, reste visible, car elle se compose de personnes et a des formes visibles d'organisation et d'activité sacrée . Par conséquent, il est tout à fait naturel d'affirmer que ces organisations religieuses sont des sociétés «proches» ou «à côté», voire même «adjacentes» à l'Église, mais parfois «contre»; mais elles sont toutes "en dehors" de l'unique Église du Christ. 

Certaines se sont séparées, d'autres sont parties. Certaines, en sortant, ont tout de même gardé des liens historiques de sang avec elle; d'autres ont perdu toute parenté, et en eux l'esprit même et les fondements du christianisme ont été déformé. Aucune d'entre elles ne se trouve sous l'activité de la Grâce qui est présente dans l'Église, et surtout la Grâce qui est donnée dans les Mystères de l’Église. Elles ne sont pas nourries par cette table mystique qui mène par étapes à la perfection spirituelle. 

La tendance de la société culturelle contemporaine à placer toutes les confessions à un même niveau ne se limite pas au christianisme; sur ce même niveau tout égal, on place aussi les religions non chrétiennes, au motif qu'elles «conduisent toutes à Dieu», et, en outre, prises ensemble, elles dépassent largement le monde chrétien par le nombre de membres qui leur appartiennent. 

Tous ces points de vue "unifiant" et "égalisant" indiquent un oubli du principe selon lequel il peut y avoir beaucoup d'enseignements et d'opinions, mais il n'y a qu'une seule vérité. Et l'unité chrétienne authentique - unité dans L'Église - peut être basée uniquement sur l'unité de l'esprit, et non sur les différences d'esprit. L'Église est la colonne et le soutien de la Vérité (I Timothée 3:15).

Source:
Paroisse orthodoxe de la sainte Transfiguration 
La Voix de l’Évangile Numéro 19, juin 2017
Tiré de : 
Théologie dogmatique orthodoxe, 
par le protopresbytre Michael Pomazansky,
Fraternité St Herman of Alaska, 2015.
pp 248-250,

Aucun commentaire: